Codes et conseils autour de l’élégance masculine

Les innombrables règles de bonne tenue à table régissent nos comportements pendant les repas ; beaucoup les connaissent, certains les respectent, peu les comprennent. Le paradigme est assez similaire pour les codes vestimentaires ; il faut tout de même se rappeler qu’à table comme dans le choix des vêtements ces règles ont une utilité sous-jacente tantôt logique tantôt vicieuse ! Enrichir, embellir, raffiner ou distinguer, caser, hiérarchiser ?
Certaines règles relèvent du bon sens, d’autres existent simplement pour pouvoir remarquer ceux qui les appliquent.
Peu importe que l’on soit rebelle ou conformiste, connaitre les codes de l’élégance permet de déroger avec style !

Alors énumérons en quelques-uns :

Petite digression

L’erreur est humaine, et les présidents humains. Macron, lors de sa première journée chez Rothschild s’est fait remonter les bretelles alors qu’il n’en avait pas (c’est d’ailleurs une grave erreur, on en parlera plus tard) ; il portait des chaussures marrons avec un costume bleu et c’est une des premières remarques qu’on lui a faite. Même les grands commettent des fautes, pas de panique, ça ne vous empêchera pas de faire des deals à 12 milliards.


Commençons par le commencement, en premier, on enfile ses chaussettes ! Quand on porte un costume, on ne doit jamais voir la peau des jambes, alors optez pour des mi-bas même si vous pensez ressembler à Mr Scrooge. Grises ou bleue marines, vous ne commettrez jamais d’erreurs.

Après avoir enfilé ses chaussettes, on passe à la chemise.

Et quand on parle de chemise, on parle de montre. Demandez quelques centimètres en plus sur votre poignet gauche afin de pouvoir aisément glisser votre montre sous votre chemise. La mode tend vers les montres larges et épaisses, sûrement par souci de générosité pour que vos collègues soient toujours au courant de l’heure. On ne rentre pas Merkel dans les robes de Monroe, l’analogie est la même pour les montres Ben-10 et les poignets mousquetaires. Ou sinon optez pour le style Agnelli : montre par-dessus la chemise, ostentation chic, mais bon, il faut présider Fiat pour ne pas passer pour un plouc. Les poignets mousquetaires sont plus habillés que les poignets arrondis ou biseautés mais pas pour autant plus distingués. En réalité, tout dépend du contexte et de l’ouverture de manche de votre veste.

Maintenant on enfile son pantalon

Ourlet ou sans ourlet, c’est une question de goût, veillez simplement à respecter la concordance des volumes : larges revers, longs ourlets ; pour ne pas laisser penser que vous avez fait confectionner votre costume chez deux tailleurs différents. En général 5cm est un bon point de référence.
Un pantalon de costume ne doit jamais être slim/ajusté ; demandez une coupe droite, vous éviterez les âneries. Par surcroit, en étant moins étroit, l’ouverture de la jambe du pantalon épousera beaucoup mieux la forme de vos chaussures, surtout si vous avez de grands pieds.
Longueur, longueur, longueur…. Un pantalon de costume n’est pas un ¾ ou un pantalon de plage. Les tailleurs de Savile Row optent pour une longueur permettant au pantalon de casser sur les chaussures ; si vous n’êtes pas habitué, demandez simplement à ce qu’il touche légèrement les chaussures ; tant qu’il ne s’arrête pas au-dessus de la malléole tvb.
Une pince, deux pinces, sans pince, question de goût et de morphologie. Les pinces augmentent le volume du pantalon au niveau du bassin, ce qui offre davantage de confort surtout si l’on est un peu épais. Pinces extérieurs : ambiance dolce vita, pinces intérieures : Bullingdon Club ; plutôt Prosciutto di Parma ou Rosbif ?
On vous dira souvent : accordez votre ceinture avec vos chaussures et non avec votre costume. Oubliez ce conseil, on ne porte pas de ceinture avec un costume. Pour qu’il ne tombe pas à vos genoux, deux solutions assez répandues existent : les bretelles et les pattes de serrage. Un pantalon tombera toujours mieux et sera plus confortable avec des bretelles ; vous vous risquerez malheureusement à quelques moqueries et retours d’élastiques dans le dos. Sinon il y a les pattes de serrage, très à la mode, elles permettent de parfaitement tenir le pantalon mais offrent moins de confort que les bretelles.

Après avoir passé son pantalon, on met sa veste

Et si vous voulez être bien reçu à la cour d’Edward VII, ne boutonnez jamais le dernier bouton. Les courtisans s’étaient en effet empressés de copier le bedonnant dont les mensurations respiraient la truite au caviar. De toute façon les tailleurs ont incorporé cette coutume dans la forme des vestes et elles ne sont plus construites pour.
Larges ou étroits revers ; deux, trois, faux trois, quatre boutons, on peut divaguer. Mais faites attention à la longueur de votre veste. Les vestes prêt-à-porter s’alignent de plus en plus sur le « casual » et sont donc de plus en plus courtes. L’élégance c’est aussi la pudeur, on ne doit voir les fesses que quand on enlève sa veste. Technique imparable : Pour connaitre la bonne longueur, veillez à ce que votre veste s’arrête aux métacarpes (cf google image pour les apprentis anatomistes) quand les bras sont placés le long du corps.

Noir, marron, bleu marine, bleu roi ?

Le noir est la couleur la plus habillée mais tout dépend du contexte. Si vous rentrez dans votre hôtel en costume noir, on aura plus tendance à vous demander d’ouvrir la porte que de vous l’ouvrir. Le noir est exclusivement réservé aux tenues de soirées : black tie, white tie etc. D’ailleurs, si le code de la soirée est le white-tie, ne vous prenez pas pour Humphrey Bogart dans Casablanca, il s’agira toujours d’une veste noire.
Ne vous méprenez pas, le noir ne doit pas vous habiller au travail mais doit en revanche vous chausser (si on veut éviter tout faux pas). Les anglais disent « No Brown in Town » afin de rappeler que tout cuir porté en ville doit être noir ; visiblement Macron est toujours agité par Waterloo ! Ils disent aussi « fat lapels for fat guys » pour en revenir à nos revers. Donc, en ville, substituez le noir par du bleu marine. Le bleu roi a peut-être un titre souverain mais vous ne courtiserez personne.

Motifs, rayures, on passe vite du Prince Charles au clown, alors, contrairement à Edward VII, il ne faut pas être gourmand. Encore une fois, les brits ont leurs aphorismes « mixed patterns should be of different scales » : donc, par exemple, on ne doit pas porter des carreaux de mêmes dimensions sur sa chemise et son costume. D’autres avancent que l’on ne porte pas deux fois le même motif.

Tout cela est très mathématique, et comme il existe autant de théories que de goûts, il vaut mieux se résoudre au bon sens. L’important est d’être conscient de la quantité d’informations visuelles que montre votre tenue. Vous avez une pièce forte, génial, pas besoin, d’être kitsch en en rajoutant 3 autres. Si Cyrano était chauve et bossu, on ne remarquerait plus son nez.

Finissons-en avec ce cours, il est important d’être chic, mais rappelons-nous le trait que Cyrano lance au Vicomte « moi, c’est moralement que j’ai mes élégances ».