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Article: Les dessous de la restauration de l’hôtel de Bourrienne

Les dessous de la restauration de l’hôtel de Bourrienne

Les dessous de la restauration de l’hôtel de Bourrienne

L’hôtel de Bourrienne, la renaissance d’un patrimoine d’exception

“Un coup de cœur immédiat : voilà ce que j’ai ressenti lors de ma première visite à l’hôtel de Bourrienne, il y a cinq ans de cela. Dans le vacarme vibrionnant du Xe arrondissement, la poésie du 58, rue d’Hauteville a tout de suite opéré. À l’ombre d’un magnifique arbre de Judée, qui ne peut être séduit par cette maison ? Là, les décors empreints d’histoire déclinent une palette de couleurs étrangement actuelles, la perspective de l’enfilade de salons aux proportions idéales capte tous les regards […] L’hôtel de Bourrienne incarne l’effervescence du Directoire et cet appétit de vivre qui succéda à la Terreur”. témoignage de Charles Beigbeder, entrepreneur français et nouveau maître des lieux de l’hôtel de Bourrienne.

L’hôtel de Bourrienne, une fenêtre sur l’histoire de France

Fort d’une histoire riche, l’hôtel de Bourrienne a vu passer en son sein certains des plus illustres hommes et femmes de l’histoire de France : Bonaparte, Talleyrand, Chateaubriand, Joséphine de Beauharnais, Thérésa Tallien… Autant de figures emblématiques dont l’esprit et l’art de vivre ne cessent d’inspirer l’univers de Bourrienne Paris X.


Depuis sa construction, dès la fin des années 1780, à sa restauration récente, l’hôtel de Bourrienne n’a rien perdu de son essence. Rares témoins des styles Directoire et Consulat, les décors qui ornent les différents salons, chambres et boudoir sont de l’initiative des deux premiers propriétaires de cet hôtel particulier, Fortunée Hamelin, une Merveilleuse du Directoire, et Louis-Antoine Fauvelet de Bourrienne, ancien conseiller personnel du Premier consul, Napoléon Bonaparte.
Au fil des successions, l’hôtel de Bourrienne a connu quelques altérations. Cependant, les décors minutieux de la fin du XVIIIe siècle ont été miraculeusement préservés sous les couches de vernis et autre papier peint. C’est ainsi que nous pouvons profiter, encore aujourd’hui, des marqueteries délicates et des bas-reliefs aux scènes mythologiques qui témoignent du regain d’intérêt pour les civilisations antiques, caractéristique des goûts de l’époque dont l’hôtel est originaire.

Une restauration confiée à des experts du patrimoine

Classé monument historique en 1927, la maintenance de ce lieu requiert des investissements importants. Faute de pouvoir l’entretenir et pérenniser ce joyau architectural, l’ancienne propriétaire, Mme Monié, cède cet hôtel à Mr. Beigbeder, grand passionné d’histoire, qui tient à préserver ce patrimoine exceptionnel.

“Je cherchais un lieu qui ait une âme afin d’y installer nos bureaux, en accueillant également des start-up et des événements parisiens façon ‘club’. Bourrienne m’a aussitôt séduit il y a quatre ans, même s’il n’était pas vraiment à vendre. Depuis, les difficultés ne manquent pas, nous avons dû apprendre ce qu’était un monument historique mais nous avançons. Nous devrions être dans les murs à la fin de l’année” confie Charles Beigbeder au journaliste du magazine “Point de Vue”, en 2018.

En dépit des difficultés, l’entrepreneur français se lance dans des travaux de restauration. Pour ce faire, il fait appel à l’agence 2BDM, spécialisée dans la restauration de monuments historiques. Créée en 2010 à Paris, cette agence est née de l’association de quatre architectes en chef des Monuments historiques : Christophe Batard, Christophe Bottineau, Frédéric Didier et Jacques Moulin. Cette agence réunit aujourd’hui des experts en architecture, mais aussi en histoire de l’art, ingénierie, économie de la construction et paysagisme. Comptant près de 70 personnes dans son équipe, l’agence 2BDM est aujourd’hui la plus importante structure privée en France se consacrant au patrimoine historique.

La rénovation de l’hôtel de Bourrienne est confiée à Christophe Bottineau en 2015. Cet architecte en chef des Monuments Historiques a eu l’occasion de superviser la restauration de lieux emblématiques de Paris comme le Palais Royal, le Palais de Justice, la Sainte Chapelle mais aussi les hôtels d’Aumont et de Sully dans le Marais. Selon lui, la restauration de l’hôtel de Bourrienne “fut un véritable défi intellectuel et technique qui fait désormais partie des opérations emblématiques de notre bureau [2BDM, ndlr]”.

La restauration d’un monument historique


L’enjeu de cette restauration était véritablement de restituer la splendeur passée de cet hôtel particulier. Un long travail de recherche fut nécessaire pour se rapprocher au plus près de ce qu’ont connu Hamelin et Bourrienne de leur vivant. Les restaurateurs se sont basés sur des écrits et des archives édités durant la fin du XVIIIe et le XIXe siècle. Une fois la base documentaire constituée, les équipes ont procédé à des sondages stratigraphiques, une technique permettant d’identifier les couches successives de peintures sur un mur par exemple pour les dater, ainsi qu’à des analyses sous éclairage ultraviolet. Les informations ainsi recueillies ont ensuite permis de faire des reconstitutions graphiques. Ces recherches en amont du chantier ont permis la découverte de nombreux trésors, dissimulés sous des couches de papiers peints, comme les tapisseries du deuxième étage, révélant un décor Art Nouveau parfaitement conservé.

Pour mener à bien la restauration, de nombreux corps de métier ont été réquisitionnés : des tailleurs de pierre, des restaurateurs de sculptures, des ferronniers, des menuisiers, des restaurateurs de décors peints, des tapissiers ainsi que des artisans spécialisés dans la restauration des lustres.

Une attention particulière a été apportée à la restauration des espaces patrimoniaux du rez-de-chaussée. Le décor peint façon toile de tente du vestibule a été restitué. Dans la salle à manger, le petit salon, le grand salon et la chambre à coucher, murs et plafonds ont retrouvé des couleurs plus vives, découvertes sous des couches de peinture plus anodines ou de vernis. Le boudoir, déjà restauré quelques années plus tôt, n’a été que rafraîchi. Des tons dominants de bleu et de beige, subtilement variés d’une pièce à l’autre, s’affirment mieux que par le passé. Le jardin a été entièrement replanté en respectant le tracé à l’anglaise d’origine. Les étages supérieurs ont été rénovés de façon moderne, les rendant aptes à accueillir les bureaux des différentes holdings de Mr. Beigbeder. Toutefois, la bibliothèque du dernier étage ainsi que la salle aux tapisseries sont demeurées dans l’esprit de l’époque.
Au total, ce seront plus de 8,5 millions d’euros investis afin de sauver ce patrimoine incroyable que représente l’hôtel de Bourrienne.


A la croisée des métiers, l’hôtel de Bourrienne met à l’honneur le savoir-faire artistique sous toutes ses formes. Que ce soit pour restaurer l’hôtel ou concevoir des chemises blanches, le sens du détail et l’expertise sont la clé de voûte de la perfection à laquelle nous aspirons.

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