Le directoire, une période riche en histoire !

Méconnu du grand public, le Directoire est l’une des périodes les plus riches de notre histoire. Débauches, luxe, esthétique antique marquent cette époque.

 

 

L’art de vivre sous le Directoire: entre débauche et raffinement

Notre marque, Bourrienne Paris X, tire son nom du lieu où elle a vu le jour : l'hôtel de Bourrienne, l’un des rares édifices parisiens issus du Directoire encore intact aujourd’hui. Le faste de ses salons, la richesse de sa décoration nous donnent un aperçu des fêtes somptueuses qui s’y sont tenues regroupant des personnages tout aussi haut en couleurs. Cependant, pour beaucoup, la période du Directoire reste floue et fait l’objet de nombreux mythes et fantasmes.

A quoi correspond cette période? Comment vivait-on à cette époque? Quelles étaient les pratiques en vogue? La mode? L’atmosphère générale? Autant de questions que nous nous sommes posées aux prémices de la marque dont l’essence même est intimement liée à cette période de quatre ans aussi riche qu’elle fut courte.

 

 

Le Directoire, un régime libéral mais instable 

Paris, le 10 thermidor de l’an II  (27 juillet 1794). La chute de Robespierre (ou plutôt de sa tête) précipite la fin du gouvernement révolutionnaire de la Terreur (1793-1794) et ouvre l’époque dite “thermidorienne”. Un an après, la Constitution de l’an III adoptée en août 1795 par les Thermidoriens marque l’avènement d’un nouveau régime : le Directoire. Succédant à la Convention (1792-1794), le Directoire est le deuxième régime politique que connaît la Première République. Il se distingue sur le plan politique par un libéralisme bourgeois et une séparation plus stricte des pouvoirs qui sont partagés de façon collégiale. Le pouvoir législatif est constitué de deux assemblées, le Conseil des Cinq Cents et le Conseil des Anciens composés de 250 membres. Le premier propose les lois devant ensuite être approuvées par le second. L’exécutif, lui, est confié à cinq Directeurs élus par le Conseil des Anciens sur proposition des Cinq Cents pour une durée de 5 ans. Chacun de ces Directeurs est garant d’une région de France et d’un domaine administratif précis. 

A l’origine, le Directoire se veut un régime plus démocratique que le précédent. Figure éminente du régime, le Vicomte de Barras déclare : “Notre volonté est de consolider la République et de remettre l'ordre social à la place du chaos inséparable des révolutions. Voilà la tâche du Directoire”. Le régime reste néanmoins plutôt inégal du fait du suffrage censitaire en place pour élire les membres des deux assemblées législatives. Ce mode de scrutin, fondé sur le niveau de richesse, exclut une large partie des citoyens qui sont pourtant censés être égaux en droit et devoir. Le collège électoral ne compte que trente mille électeurs pour une population d’environ trente millions de personnes. Par ailleurs, le régime est relativement instable. En dépit des précautions prises pour éviter toute forme de despotisme, la gouvernance sous le Directoire est perturbée par les tensions entre les Députés et les Directeurs qui ont fréquemment recours aux coups de force pour imposer leur autorité. Autre fait marquant, l’état désastreux de l’économie. Le pays connaît une inflation sans précédent qui favorise la pratique de l’agiotage, une forme de spéculation douteuse sur le cours de la monnaie et des marchandises conduisant à l’émergence d’une classe de nouveaux riches qui façonne la société directoriale. 

Le retour de la légèreté dans la société du Directoire

Malgré ce contexte politique et économique tendu, il est difficile de nier les apports du Directoire dans les domaines culturels qui ont forgé l’art de vivre à la française. Avec la fin de la Terreur s’opère une rupture avec l’austérité de la période jacobine précédente. Perçue par certains comme un relâchement des mœurs et par d’autres comme la simple expression des libertés individuelles, la société renouvelée du Directoire se laisse aller aux plaisirs. Le temps est à la fête : les salons mondains réapparaissent, la gastronomie se développe avec l’apparition des premiers restaurants et l’on est pris d’une “fureur dansante”, la dansomanie. On se précipite par centaines aux bals populaires organisés dans l’espace public. Ce sont plus de 600 bals publics qui auraient été organisés au cours de cette période.  L’un des plus cités est le fameux  bal des victimes où n’étaient admis que ceux qui affirmaient avoir perdu des parents à l’échafaud. On y dansait en habits de deuil et où l’on saluait d’un coup sec de la tête, comme si elle eût été frappée du couteau de la guillotine. 

La frivolité, le luxe, l’extravagance deviennent monnaie courante chez les nouveaux riches et les aristocrates rescapés de la Révolution qui s’exhibent sur les Champs Elysée et dans les jardins de Tivoli, Idalie, Monceau ou de Bagatelle. Parmi les figures remarquables du Directoire, l’on retrouve l’élite du style, cette minorité bruyante de la jeunesse dorée parisienne que sont les Incroyables et les Merveilleuses. Ils détonnent par leur allure et se positionnent comme les décideurs du “suprême bon ton” en matière de conduite, d’habits et de langage. 

L’Incroyable 

 

 

L’Incroyable arborait un air mélancolique coiffé de tresses lui tombant sur les épaules façon “oreilles de chien”, vêtu de grands habits carrés de couleurs vives et muni d’un grand bâton lui servant de canne ou d’arme contre les jacobins qu’il croisait sur son chemin. Au-delà de son apparence, l’Incroyable est reconnaissable à sa façon de parler. En signe de protestation contre la Révolution et la chute du Roi, la lettre “r” se retrouve bannie de son langage donnant lieu à des conversations pour le moins “inc’oyables”.  

La Merveilleuse

 

 

La Merveilleuse, elle, est la figure de proue de cette jeunesse dorée. Selon les frères Goncourt, “la révolution de thermidor a été la victoire de la femme”. Dans leur Histoire de la société française pendant le Directoire  (1864), ils racontent : “La Terreur détrônée, les femmes ont recouru à leur rôle éternel; elles ont apitoyé les cœurs, pour mener les esprits; elles ont fait de la révolution politique une révolution sentimentale. Puis, les larmes mal séchées, elles ont jeté la France vers leur patron : le plaisir; et bientôt, elles ont été les maîtresses et les reines en ce pays qui venait de jeûner de luxe, de diamants, de galanterie et de fêtes. Jamais la femme n’a occupé le public d’une façon pareille, jamais elle n’a touché aux affaires d’une si apparente manière”. 

L’influence de ces reines du Directoire est telle que leur notoriété dépassait parfois celle de leur conjoint. Reconnaissables par leur beauté et leur esprit vif, Mesdames Tallien, Bonaparte ou encore Récamier se distinguent comme les principales meneuses du Directoire. A leurs côtés, plus discrète dans l’Histoire mais tout aussi rayonnante, Fortunée Hamelin est l’une de ces reines du Directoire qui est particulièrement chère à notre univers. Avant de prendre le nom de Bourrienne, l’hôtel particulier où réside actuellement Bourrienne Paris X était connu sous le nom de petit hôtel de Bazin. Il fut la propriété de Mme Hamelin qui apporta les décors que l’on peut retrouver encore aujourd’hui. Elle est l’une  des principales muses de notre griffe.

Ces Merveilleuses sont au centre de la vie mondaine et politique parisienne et imposent leur style pendant toute la durée du régime. Empruntant au style vestimentaire antique, elles rendent populaires les tenues légères à la silhouette longiligne et aux étoffes transparentes qui rappellent les habits des divinités grecques et romaines. Ces tenues légères étaient parfois à l’origine de grands troubles au sein de l’espace public. Une anecdote concernant la Merveilleuse Fortunée en dit long  là-dessus. Alors qu’elle se promenait sur les Champs-Elysées accompagnée d’une des ses amies, Fortunée, alors légèrement vêtue d’un voile diaphane qui ne dissimulait pas grand-chose, se vit très vite poursuivie et traitée de tous les noms. Scandale ! 

L’influence antique dans les arts et l’architecture.

Ce regain d’intérêt pour l’époque antique fait suite aux recherches archéologiques de la seconde moitié du XVIIIe siècle qui ont permis l’identification des ruines de Pompéi et Herculanum. Le néoclassicisme se répand dans de nombreux domaines artistiques comme la peinture mais surtout l’architecture et les arts décoratifs. Le développement d’une nouvelle classe de riches permet l’essor du commerce du luxe. Ces nouvelles fortunes font appel aux meilleurs artisans pour construire et décorer leur hôtels particuliers qui poussent dans le nord-ouest parisien, autour du quartier de la Chaussée d’Antin. L’élégance, le raffinement des formes et la perfection de la réalisation caractérisent le décor intérieur. L’espace est structuré en colonnes, pilastres et frises. On s’amuse à mélanger les matériaux et les coloris. L’acajou et l’ébène côtoient les soieries et mousselines aux tons parme, vert pâle ou bleu intense très en vogue alors. Les murs étaient décorés de représentations de scènes mythologiques, d’imitation de marbres et de passementeries. Le style étrusque du mobilier vient compléter cet ensemble faisant rayonner le tout d’une richesse décadente qui sera reprise sous l’Empire quelques années plus tard. La campagne d’Egypte menée par Bonaparte sera aussi une grande source d’inspiration pour enrichir ces décors.

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Grâce au formidable travail de restauration réalisé il y a quelques années, tous ces éléments persistent encore à l’hôtel de Bourrienne et  nous offrent une véritable fenêtre sur cette période. Cet héritage nourrit de manière unique l’univers de Bourrienne Paris X.