Le marché aux pivoines dans les jardins de Bourrienne

La marée fleurie de l’hôtel de Bourrienne

Des pivoines normandes à Paris

Une odeur enivrante imprègne l’hôtel de Bourrienne en ce jeudi 28 mai 2020. Des notes citronnées, suaves, ou encore de rose, et pour cause, le jardin de l’hôtel a été pris d’assaut par un champ de pivoines normandes. Blanches, roses et pourpres, c’est autant un régal pour les yeux qu’un délice olfactif.
Ces pivoines sont celles de Charles, horticulteur bio du Nord Ouest de la France. Pendant le confinement durant, il les a tendrement couvées du regard, les admirant bourgeonner et prendre des couleurs. Un spectacle charmant et sensuel qu’il voulait partager avec le plus grand nombre. Il décide de les vendre à Paris, à l’hôtel de Bourrienne. Ce marché aux pivoines a attiré l’attention de près de 300 Parisiens qui avaient réservé un créneau pour s’offrir quelques tiges, tout en découvrant le cadre exceptionnel de l’hôtel de Bourrienne. Un vrai succès. A un euro la tige, les pivoines se sont toutes vendues pour aller décorer les intérieurs de ces visiteurs venus en nombre.

La pivoine, une fleur aux vertus mythiques

Originaire d’Europe et d’extrême Orient, celle que l’on considère comme la “reine des fleurs” tire son nom d’un mythe grec. Selon la légende, Péon, le disciple d’Asclépios, dieu de la médecine, aurait fait la découverte d’une racine aux vertus médicinales. Elle soulageait les douleurs que les femmes ressentaient lors de l’accouchement. Jaloux de cette découverte, Asclépios entre dans une colère noire et tente de s’en prendre à son disciple. Le roi de l’Olympe, Zeus, décide d’intervenir en Peon transformant en la plante qu’il avait découverte, la pivoine. Dès lors, la pivoine est connue et reconnue pour être une plante guérisseuse dont les fleurs sont comestibles.

Des fleurs pour l’impératrice

D’abord sauvage, la pivoine commence à être cultivée en Chine, au VIIe siècle, dans la ville impériale de Luoyang, réputée pour être le berceau des pivoines de culture. Progressivement, la reine des fleurs est élevée au rang de plante ornementale et devient l’emblème floral de la Chine impériale jusqu’à l’avènement de la République Populaire en 1949.
En France, la pivoine n’est pas cultivée avant la fin du XVIIIe siècle. C’est grâce à l’empereur chinois, Qianlong, qui offrit en présent des pivoines à l’impératrice Joséphine, grande amatrice de plantes.
L’engouement de Joséphine pour les fleurs lui vient très certainement de son enfance en Martinique, dont le nom amérindien “Madinina” signifiait l’île aux fleurs. Là-bas, elle aimait contempler la nature et savourer le doux parfum des fleurs des Caraïbes. Lorsque le couple Bonaparte acquiert le château de la Malmaison en 1799, Joséphine souhaite y créer une sorte de jardin d’Eden, où elle cultive des plantes lui rappelant les Antilles. Les différentes campagnes et expéditions scientifiques, menées par son époux, lui permettent d’enrichir sa collection de végétaux exotiques que le peintre Pierre-Joseph Redouté, surnommé le “Raphaël des fleurs”, dessine et consigne dans son ouvrage Jardin de Malmaison. Ses gravures sont très populaires en France et dans toute l’Europe.

Pierre-Joseph Redouté, Une pivoine, graphite, aquarelle et gomme arabique, 32x25cm


Révélateur de l’art de vivre Bourrienne Paris X, ce marché aux pivoines nous rappelle qu’il est important de prendre le temps, et de savoir apprécier les petits plaisirs de la vie, aussi simples que des fleurs par exemple. A l’hôtel de Bourrienne, la beauté sous toutes ses formes ne cessera d’être célébrée.