La vie a décidemment plus d’imagination que nous ! Comment Charles Beigbeder, plus enclin à jouer les business-angels dans le monde du Private Equity s’est-il retrouvé à la tête d’une marque de chemises? L’aventure Bourrienne Paris X est née au moment où l’entrepreneur foule pour la première fois, le parquet Versailles de l’Hôtel de Bourrienne. L’entrepreneur tombe immédiatement sous le charme de cet hôtel particulier parisien en piteux état, situé au numéro 58 de la rue d’Hauteville, dans le dixième arrondissement. Il le rachète et décide de réhabiliter ce bijou fané du Directoire pour y installer les futurs bureaux de son groupe.
En se plongeant dans l’histoire du lieu, Charles découvre qu’il a été le théâtre de nombreux salons littéraires. Ainsi, la crème des intellectuels tels que Talleyrand, Bonaparte, Chateaubriand ou encore Victor Hugo y ont débattu… en chemise blanche. L’homme d’affaires, lui-même grand consommateur de ce classique du vestiaire masculin, décide alors d’ajouter une corde à son arc et de créer l’ultime marque de chemises blanches.
Il nomme à la direction artistique, la très inspirée Cécile Faucheur. Cette jeune femme, passionnée par les liquettes d’antan s’est constitué un véritable trésor de guerre. Elle a écumé les musées et chiné des pièces exceptionnelles dans les brocantes. Elle a ainsi pu amasser des modèles plus ou moins insolites. Sa collection s’étend de la chemise-caleçon, à la vareuse de peintre, au modèle princier, ourlé de jabots. Cécile décortique le moindre plastron, le détail d’une fronce ou d’un pli qui va nourrir son inspiration et booster sa créativité.
Elle s’inspire des détails d’autrefois pour encore mieux twister de façon moderne, la chemise blanche. Chaque pièce se décline dans des coupes plus ou moins amples ou ajustés. Les modèles sont disponibles dans un large choix de cols (français, italien, cassé, officier, lavallière, Claudine…) tandis que les poignets et pattes de boutonnage sont aussi très travaillés. Chaque chemise est taillée dans les plus belles étoffes (ultime popeline, sergé de coton, crème du lin Normand...)
Sobrement marquée d’un chiffre romain au niveau de l’hirondelle, certaines chemises déploient des trésors de savoir-faire. Celles qui sont plissées à la main le sont dans un atelier en Bretagne. Tandis que les galons brodés, reprenant certains décors de l’Hôtel de Bourrienne sont confectionnés dans le Nord de la France. Des pépites à découvrir dans la boutique, attenante à l’hôtel particulier.
Car, l’Hôtel de Bourrienne n’est pas qu’un écrin magnifique, propice au storytelling dont raffole les experts du marketing. C’est aussi là que bat le cœur de la marque. L’on retrouve d’ailleurs moult détails comme la fleur emblématique qui se niche sur les plafonds peints, sur les boutons de manchette ou sur certains détails des chemises.
Construit à partir de 1787, cet hôtel particulier va voir se succéder des personnages romanesques. Parmi lesquelles, l’une des premières influenceuses de l’Histoire. A partir de 1792, il est occupé par Fortunée Hamelin. Esthète charismatique, lettrée et impertinente, elle fera de cet hôtel particulier, un haut lieu de réceptions où se croiseront Bonaparte, Joséphine de Beauharnais et le gratin de l’époque. Cette mondaine haute en couleurs, gravure de mode est aussi le fer de lance du mouvement des Merveilleuses. Elle fait sensation dans le tout-Paris avec sa mise décalée. Ses toilettes diaphanes et ses manières seront souvent copiées. La légende raconte que c’est notamment sous l’impulsion de cette Merveilleuse et de son sens de la provocation que les chemises pour femmes, autrefois l’apanage des esclaves ou considérées comme des sous-vêtements ont pu être décemment portées en public par la gent féminine. Une coïncidence bienheureuse pour Bourrienne Paris X qui a bâti son business-model autour de la liquette.